13. Les sources pour la recherche et l’interprétation
Vendredi 11 juillet, 9h15 – 10h45
Branche des bibliothèques de recherche,
président Joachim Jaenecke, Staatsbibliothek zu Berlin, Berlin
Elzbieta Wojnowska, Bibliothèque nationale de Pologne, Varsovie
Les sources des tablatures en Pologne
Présentation des sources de tablatures manuscrites disponibles en Pologne.
Les tablatures imprimées ont été déjà recensées dans le RISM Series A/I et B. Les territoires considérés sont aussi ceux qui n’ont pas toujours fait partie de la Pologne, comme la Prusse, la Silésie et Lvov.
Présentation des manuscrits selon le type de notation
D’abord les tablatures pour clavier (en Pologne il s’agit principalement de l’orgue), puis des tablatures pour luth, guitare, et autres instruments apparentés. En général, les sources pour l’orgue utilisent la notation ancienne et nouvelle des tablatures allemandes pour clavier, à l’exception de quelques rares sources avec la notation italienne ou celles qui présentent des méthodes de notation individuelles. Les sources relatives au luth et autres instruments du même genre sont écrites la plupart du temps en tablature de luth française et italienne.
- Anciennes tablatures d’orgue allemandes.
Les premiers documents datent de la première moitié du 15ème siècle : fragments du monastère de Zagan et de l’abbaye de Wroclaw.
Sources de tablature allemande ancienne d’orgue (première moitié du 16ème siècle), fragment d’une tablature de Lvov conservée à la Bibliothèque publique de Varsovie, fragment d’une tablature écrite sur un bureau, conservée à la Bibliothèque Nationale à Varsovie, et deux manuscrits importants : la tablature de Johannes de Lublin (Krasnik 1538-47) qui se trouve maintenant à la Bibliothèque de l’Académie Polonaise des Sciences à Cracovie, et la tablature du Monastère du Saint-Esprit à Cracovie (1548), maintenant disparue.
- Nouvelles tablatures d’orgue allemandes.
Tablatures d’Oliwa, tablatures de Pelplin : en 6 volumes (ca 1620-1640), avec des copies d’éditions de musique vocale, surtout italienne, et 12 chorals allemands pour orgue.
La « vieille » tablature de Pelplin : 24 feuillets détachés d’un volume de la grande tablature.
La tablature de Johannes Fischer (1594-1595).
La tablature de Lowicz, autrefois connue sous le nom de tablature de la société de Musique de Varsovie (1580).
La tablature dite du « château » de la collection d’Aleksander Polinski(1590) qui se trouvait jusqu’en 1944 à la Bibliothèque Nationale à Varsovie.
Quatre tablatures provenant de la Bibliotheca Rudolphina à Legnica (début du 17ème siècle).
Un ensemble de quarante tablatures conservées à la Bibliothèque de Wroclaw jusqu’en 1945.
- Autres tablatures d’orgue.
La tablature d’orgue de Gdansk (1591) : tablature italienne et nouvelle tablature allemande.
La tablature d’orgue de Varsovie (seconde moitié du 17ème s.) : tablature italienne.
- Tablatures de guitare et de luth italienne.
Tablature de luth de Cracovie (tablature Strzeszkowski (milieu du 16ème siècle).
Tablature de luth de Jelenia Gora (1537-1544).
Ajouts à un manuscrit de luth de Zary Slaskie (fin du 16ème si.).
Trois tablatures de luth de Gdansk (17ème si.).
Tablature de guitare de la bibliothèque Zaluski (milieu du 18ème s.) conservée à la Bibliothèque Nationale à Varsovie.
Douze tablatures de luth provenant de l’abbaye cistercienne de Krzeszow, conservées jusqu’en 1945 à la bibliothèque de l’Université de Varsovie.
Un certain nombre d’entre elles ont été perdues lors de la seconde guerre mondiale, ou transportées dans d’autres lieux.
Les pertes : la tablature d’orgue du monastère du St Esprit à Cracovie, la tablature de Lowicz, la tablature du « château » de la collection Polinski, une des tablatures d’orgues de la « Rudolphina » à Legnica (Libr.Mus.99), la tablature d’orgue de Varsovie, une des tablatures de luth de Gdansk, la tablature de luth de Zagan, une des tablatures de Krzeszow.
Certains documents ont été déplacés :
Un des fragments de l’abbaye des dominicains à Wroclaw (I. Qu.42) se trouve maintenant à la Bibliothèque Nationale à Varsovie.
Les tablatures d’Oliwa sont conservées à la bibliothèque de l’Académie des Sciences à Vilnius.
Deux des quatre tablatures de la « Rudolphina » à Legnica (Libr.Mus.98 et 100) sont conservées à la Bibliothèque Nationale à Varsovie.
La majorité des 40 tablatures qui se trouvaient à la bibliothèque municipale de Breslau jusqu’en 1945, celle de la collection privée d’Emile Bohn et deux tablatures de luth de Gdansk sont actuellement en dépôt à laStaatsbibliothek zu Berlin Preussischer Kulturbesitz : elles furent transportées vers 1945 de Wroclaw à Moscou, puis vers 1960 à Berlin.
Une des 12 tablatures de luth de l’abbaye cistercienne de Krzeszow est perdue, une autre se trouve maintenant à la bibliothèque de l’Université de Wroclaw, et les neuf autres se trouvent à la bibliothèque de l’Université de Varsovie.
La tablature de Kniebandl autrefois à Cieplice est maintenant à la Bibliothèque Nationale à Varsovie.
La tablature de luth de Jelenia Gora a été placée à la bibliothèque capitulaire de Wroclaw.
Certains documents en provenance de Berlin sont conservés en Pologne : trois tablatures de la collection Spitta (une pour l’orgue et deux pour le luth) de la Berliner Hochschule für Musik, sont maintenant à la bibliothèque de l’Université de Lodz, ainsi qu’un ensemble de 27 tablatures de luth et de 30 tablatures d’orgue de l’ancienne Bibliothèque de Prusse, maintenant à la Bibliotheca Jagiellonica à Cracovie.
Alla Semenjuk, Bibliothèque d’état de Russie, Moscou
Les sources imprimées de la musique d’église russe
La restauration du plain-chant à la fin du XXème siècle, en Russie, a entraîné des recherches musicologiques sur la musique vocale religieuse ancienne et des études globales sur le répertoire de musique spirituelle, ainsi que des festivals.
Trois axes principaux à la Bibliothèque nationale russe : les recueils d’hymnes, les collections d’œuvres de musique religieuse écrites par des compositeurs, et la littérature pédagogique sur la musique religieuse : plus de 2500 titres, des collections de musique religieuse orthodoxe sans équivalent en Europe occidentale.
Musique imprimée de la fin du 18ème et début du 19ème siècle. Plus de 20 editions de rituels liturgiques entre 1798 et 1912, 20 irmologions de 1833 à 1915 et cinq octoechos de 1814 à 1911.
La Bibliothèque nationale russe a établi la première partie du catalogue « Plainchant de la l’église russe orthodoxe à la Bibliothèque nationale russe ». Les notices bibliographiques sont entrées dans le catalogue informatisé (programme ALEF) permettant l’interrogation par nom de compositeur, titre de l’hymne, interprètes, éditions, etc… On envisage aussi la création d’un catalogue collectif russe des œuvres de musique religieuse.
Margus Pärtlas, Académie estonienne de musique, Tallinn
Eduard Tubin : estonien moderniste ou suédois traditionaliste
Né en 1905 en Estonie, mort en 1982 à Stockholm, Eduard Tubin a eu une carrière longue et productive, dont la seconde moitié s’est déroulée en Suède. Il commence à composer en 1925 , dans des genres variés : 10 symphonies, 5 concertos, 2 opéras, 2 ballets, de nombreuses œuvres de musique de chambre, des pièces pour voix seule, pour chorales. Il est considéré comme « moderniste » en Estonie, mais partage l’idéologie nationaliste des compositeurs estoniens. En Suède, où il émigre en 1944, il se trouve brutalement confronté à une autre situation : son style et son idéologie paraissent démodés. Il n’a jamais appartenu au courant musical moderniste qui prédominait à cette époque. Il n’aimait pas le dodécaphonisme de Schoenberg et fut très critique à l’égard de la musique expérimentale de la jeune génération de compositeurs suédois des années cinquante et soixante. Pourtant, pendant les dix premières années de son exil, Tubin modernisa son langage harmonique et adopta un style à la fois plus personnel et plus cosmopolite.
Ce n’est qu’après sa mort que sa musique a commencée à être connue sur le plan international. Son nom a été jusqu’à présent absent de la plupart des ouvrages de référence. Cependant, grâce aux concerts et aux enregistrements, il est mieux connu. En octobre 2000, un groupe de musicologues et d’interprètes estoniens, suédois et américains, a fondé la Société Internationale Eduard Tubin, à Tartu , dont le but est d’étudier, faire connaître et jouer sa musique. Le projet le plus avancé de la société est l’édition critique des œuvres, en coopération avec l’éditeur de musique Gerhmans Musikförlag à Stockholm. Les sources sont dispersées : archives et collections à Tallinn, Tartu et Stockholm. Le premier volume, le catalogue thématique des œuvres de Tubin, par Vardo Rumessen, pianiste et musicologue estonien, paraîtra à la fin de l’année 2003.
Joachim Jaenecke, Staatsbibliothek zu Berlin, Berlin
Les archives de l’Académie de chant à Berlin
Elle fut fondée en 1791 par Johann Friedrich Fasch (1736-1800), qui fut le premier directeur de ce chœur, le plus ancien d’Allemagne. Cette institution est de la plus haute importance pour la musique de Bach en dehors de Leipzig. Après la mort de Fasch, Carl Friedrich Zelter (1758-1832) prit sa succession et dirigea un grand nombre d’œuvres de Johann Sebastian. Bach. La Passion selon St Matthieu, la Messe en si bémol mineur, laPassion selon St-Jean et l’Oratorio de Noël font toujours partie du répertoire du chœur, depuis cette époque.
Les archives contenaient de nombreux manuscrits, sources imprimées, matériels, lettres, documents, programmes, livrets, livres et revues, principalement des18 et 19ème siècles, et conservés dans le bâtiment construit par l’architecte Schinkel, en 1827. Après 1945, le siège de l’académie se transporta dans le secteur ouest de Berlin. Une petite partie des archives avait été conservée chez des membres de l’académie, et fut déposée en 1974 (environ 800 documents) à la Staatsbibliothek à Berlin. Après la construction du mur en 1961, une seconde Berliner Sing-Akademie fut fondée en 1963 dans le secteur est.
Qu’est-il advenu de la plus grande partie des archives ?
Elle furent évacuées en 1943 de Berlin vers le château d’Ullersdorf près de Glatz en Silésie. L’armée soviétique les trouva en 1945 et les transporta à Kiev, où elles furent conservées jusqu ‘en 1973 à la bibliothèque du Conservatoire Tchaikovsky. Ensuite elles furent transférées aux Archives Centrales de Littérature et Art d’Ukraine à Kiev avec une nouvelle cote : « Fonds 441 : Collection de musique du 17ème au 19ème siècle ». Sa provenance resta inconnue pendant plusieurs années. En 1969, un enregistrement d’un concerto pour flûte et orchestre de Whilhelm Friedemann Bach fut édité à Kiev, avec la mention : « source russe inconnue ».
Après le grand changement politique en Union soviétique, Patricia Grimsted, du Harvard Ukrainian Research Institute et le musicologue Christoph Wolff, de Harvard University, entrèrent en contact avec des collègues ukrainiens. Ils découvrirent les archives à Kiev en 1999. Ce fut un événement dans le monde de la musique ; Wolff organisa le micro-filmage des 5170 documents conservés à Kiev avec le soutien financier des Etats-Unis et de l’Allemagne. Trois copies du microfilm de Kiev se trouvent actuellement à l’Université de Harvard, à la Bach-Archiv à Leipzig et la Staatsbibliothek à Berlin. Environ 500 documents sont des œuvres de Bach, ou de sa famille et de ses élèves, également des œuvres en parties inconnues de Telemann. En 2001, les gouvernements allemand et ukrainien entamèrent des négociations sur le rapatriement des archives, et en décembre 2001 les archives furent déposées à Berlin au département de la musique de la Staatsbibliothek. En-dehors de Bach et de Telemann, on y trouve aussi beaucoup d’œuvres de Palestrina, Pergolesi, Allegri, Benda, Caldara , Hasse et Haydn.
Le fonds devrait être catalogué avec le soutien de la Deutsche Forschungsgemeinschaft sous forme de liste de titres abrégés, en se basant sur les inventaires réalisés entre 1946 et 1948, le catalogue sur fiches étant perdu. Saur-Verlag Munich prépare une édition sur microfiches des archives Bach et Telemann : Il est prévu de poursuivre le projet pour la totalité des archives, en collaboration avec la Berliner Sing-Akademie de Berlin, propriétaire du fonds.
Anne Randier