Mardi 16 juillet
Comité sur le droit de copie
Claire Kidwell (Trinity Laban Conservatoire of Music and Dance, London) présente la nouvelle directive sur le droit d’auteur dans le marché unique numérique, datée de 2016, approuvée par le Conseil européen et qui doit être transposée dans les droits nationaux en 2021. Cette directive permet d’actualiser la directive européenne de mars 2001 au regard des évolutions du web et du développement des GAFAM. Plusieurs articles retiennent notre attention :
• L’article 3 prévoit une exception (non facultative) au droit d’auteur pour la fouille de donnée à des fins scientifiques par des organismes de recherche ;
• L’article 4 permet l’utilisation numérique d’œuvres et d’autres objets protégés dans le cadre d’activités d’enseignement numériques et transfrontières. Cependant les pays peuvent exclure cette certains types de documents de cette exception[les partitions par exemple, comme c’est le cas aujourd’hui dans loi DADVSI] , en passant par une licence.
• L’article 6 prévoit une exception (non facultative) « permettant aux institutions de gestion du patrimoine culturel de réaliser des copies de toute œuvre ou tout autre objet protégé qui se trouve en permanence dans leurs collections ».
• Les articles 7 à 9 réglementent la gestion des œuvres indisponibles dans le commerce, via une société de gestion collective.
• L’article 13 encadre la mise à disposition de contenus protégés sur les plateformes en ligne, tout en encourageant « des bonnes pratiques, telles que les techniques appropriées et proportionnées de reconnaissance des contenus » pour éviter le retrait en masse de contenus.
Un guide IFLA paraîtra cette année. Les branches nationales de l’AIBM sont invitées à faire remonter certains besoins propres à la musique à leurs gouvernements.
Le dépôt légal des partitions en ligne
Rupert Ridgewell présente le cas de la British Library (BL), bien avancée dans ce domaine, depuis le Legal Deposit Act (2003). En Grande Bretagne, sur 350 éditeurs, 14 % publient exclusivement sous forme électronique.
La BL envisage trois moyens de collecte :
- des API pour collecter les données des éditeurs et agrégateurs ;
- un moissonnage des documents disponibles gratuitement en ligne sur le web ;
- un portail de dépôt à l’unité pour les éditeurs.
La réglementation anglaise précise les types de contenus conservés et les conditions d’accès et d’utilisation : un utilisateur par bibliothèque et par publication. Par ailleurs, la fouille de donnée n’est autorisée qu’avec l’accord des ayants-droit. Depuis 2017, deux gros éditeurs ont déposé : Faber Music (30 000 PDF) et Music Sales (50 000 PDF). Des premiers tests de l’outil de moissonnage de PDF en ligne ont été effectués. La BL a ensuite amélioré la qualité des métadonnées (pallier l’absence d’ISBN, par exemple), travaillé à la gestion des composants audio ou encore à l’affichage simultanément des parties séparées. Les prochains objectifs sont :
- la gestion de ressources et de formats plus complexes ;
- la collecte auprès des très nombreux petits et moyens éditeurs, nécessitant une veille importante ;
- l’amélioration de l’outil de moissonnage et la mise en place du portail de dépôt à l’unité.
La Deutsche Nationalbibliothek conserve déjà 6 000 partitions numériques en PDF. Les partitions numériques ayant une version papier ne sont pas collectées. Ruprecht Langer (DNB, Leipzig) rappelle qu’en Allemagne, l’état de l’édition numérique musicale est moins avancé que dans le secteur du livre. Des plateformes proposent des contenus enrichis et ou des services associés (comme Nkoda) à leur bibliothèque de partition (annotation, création de playlist, consultation offline…), mais encore uniquement pour des compositeurs célèbres. En France, le dépôt légal des partitions concerne aujourd’hui uniquement les partitions imprimées. Pour le numérique, la loi n’impose pas une couverture complète des publications, mais la collecte d’un échantillon représentatif. La BnF est donc aujourd’hui dans l’attente d’un décret d’application de la loi sur le dépôt légal numérique pour mettre en œuvre une filière, non seulement pour le dépôt à l’unité, mais aussi par flux automatiques de documents provenant de bases en ligne.
Les éditions de musique ancienne et la reconnaissance optique de caractères
Tim Crawford (Goldsmiths, University of London), Full-Text search of Early Music Prints Online (F-TEMPO) : une nouvelle approche d’aide à la recherche pour les bibliothécaires et les musiciens
F-Tempo est un projet financé par la British Academy pour développer un outil de recherche plein texte à partir d’éditions anciennes de musique imprimée. Il extrait le contenu des images numérisées et l’indexe pour permettre une recherche dans les pages en procédant par comparaison de chaînes de caractères. L’outil permet de comparer différentes éditions ou d’identifier des œuvres sans titre, par exemple, sans se restreindre à la recherche sur les incipits. F-Tempo est testé sur le corpus de musique ancienne « Early music online », environ 300 livres. Des tests sur des manuscrits sont en cours.
Jürgen Diet (Bayerische Staatbibliothek, Munich), Musiconn.Scoresearch : une application de recherche de contenu pour la musique imprimée numérisée, basée sur l’OMR
Musiconn permet de rechercher une mélodie sur clavier virtuel, dans un corpus de partitions imprimées numérisées et passées par un logiciel d’OMR. Après avoir testé plusieurs logiciels d’OMR (Audiveris, Capella Scan, SharpEye, and SmartScore), Smartscore a été choisi et appliqué à environ 45 000 pages de musique imprimée. Le prototype permet une recherche exacte, mais aussi une recherche approximative sur les hauteurs, indépendamment des rythmes et des clés, pour compenses le taux d’erreur important de l’OMR (10 % d’erreur contre 1% pour l’OCR des textes). Le prototype permet aussi un export MusicXML des données et une sortie Midi pour écouter la partition sélectionnée. Ce projet de la bibliothèque nationale de Bavère fait partie du projet plus large Musiconn de la bibliothèque de Bavière et de la Saxon State and University Library, financée également par la fondation allemande pour la recherche (DFG), visant la numérisation, la mise à disposition, la recherche et l’archivage de documents numériques.
Le support de présentation est visible ici.