Documentation professionnelle

6. Le projet de portail de la musique contemporaine

Contexte

C’est à l’Ircam que naît l’idée d’un portail destiné à fédérer des informations et des contenus musicaux, avec une réflexion menée en 2005 sur un projet de portail agrégatif interne destiné à fédérer ses propres ressources.

Pendant l’été 2006, un appel à projets est lancé par le ministère de la Culture et de la Communication (mission de la recherche et de la technologie – DDAI/MRT) pour la numérisation du patrimoine culturel : appel prévu pour financer des projets d’une durée d’un an maximum, structuré autour de six programmes thématiques dont la création contemporaine.

Le ministère encourage alors le Cdmc et l’Ircam à présenter un projet commun de portail internet destiné à fournir un accès fédéré aux ressources sur la musique contemporaine, éparpillées dans différentes bases et différents organismes.
Le laps de temps pour monter le dossier étant très court, l’idée initiale est de concevoir le portail avec un petit nombre d’acteurs, en l’étendant ensuite progressivement. Mais le projet rencontre un tel succès parmi les établissements voisins qu’il prend rapidement de l’ampleur.
Finalement, le 2 octobre 2006, lors du dépôt officiel du dossier de candidature, six institutions sont réunies autour du projet :

  • le Cdmc (qui assure le pilotage du projet)
  • l’Ircam (qui assure la maîtrise d’œuvre technique du projet)
  • la Cité de la musique
  • le Conservatoire de Paris
  • l’Ensemble intercontemporain
  • la Médiathèque musicale Mahler

Le projet a été retenu par la MRT et doit se dérouler sur l’année 2007. Le responsable scientifique en est Michel Fingerhut.

Description générale du projet

L’enjeu du projet est de créer une sorte de catalogue collectif, plus précisément un portail internet, afin de fédérer l’accès aux ressources liées à la création musicale contemporaine(1).

En effet, les six partenaires du projet détiennent, chacun dans son domaine de compétence, diverses ressources sur la musique contemporaine :

  • des collections qui reflètent cette création, de sa diffusion (partitions et enregistrements sonores édités ou inédits, notes de programmes) à sa réception (dossiers de presse)
  • des informations et documents autres (livres, périodiques, iconographie, bases de données, carnets d’adresse…)
  • des ressources événementielles (concerts, conférences…).

Par ailleurs, les ressources en rapport avec la création musicale contemporaine se distinguent par leurs spécificités :

  • elles évoluent constamment.
  • elles nécessitent une contextualisation riche, pour pouvoir être :
    • d’une part étudiées, créées, programmées par des professionnels de la musique,
    • d’autre part mises à disposition d’un large public.
      Ces informations nécessaires à la reprise des œuvres (documentation technique) sont souvent peu accessibles.
  • leurs traces (enregistrements sonores, partitions, dossiers de presse…) sont protégées par le droit de la propriété littéraire et artistique, ce qui nécessite de contrôler leur circulation physique et numérique.
  • enfin, la rareté et la fragilité de ces traces (notes de programme, archives sonores…) souvent consultées nécessitent d’en assurer la conservation.

L’articulation de la numérisation et de l’accès fédéré à ces fonds permettra d’accroître la visibilité de ce domaine et de ses acteurs.

Le projet de portail permet donc d’apporter une réponse à une double problématique :

  • la sauvegarde de fonds fragiles ou rares grâce à leur numérisation (et donc un accès facilité à ces fonds)
  • l’éparpillement des ressources relatives à la musique contemporaine.

Pour répondre à l’objectif de fournir un accès fédéré, parmi les diverses possibilités envisagées (moteur de recherche en texte intégral, base collective), le portail agrégatif semble la meilleure solution. Il permet notamment d’offrir un accès indexé commun (recherche plus ciblée que dans un moteur de recherche en texte intégral), de continuer à faire fonctionner les bases indépendamment, et est compatible avec des ressources de nature hétérogène.

Le dispositif développé dans le cadre du projet comprend deux parties :

  • le développement du portail
  • la numérisation des ressources des organismes partenaires.

Ces éléments communiqueront entre eux par l’entremise d’un protocole standard de communication en réseau , OAI (Open Archive Initiative).
L’articulation des deux aspects, numérisation et dispositif de recherche, facilitera l’accès aux ressources et leur donnera ainsi une plus grande visibilité.

Publics concernés

Ce projet s’adresse à tous les usagers potentiels : élèves et étudiants ; professionnels de ce domaine (interprètes, enseignants, compositeurs, musicologues, programmateurs) et de domaines connexes (chorégraphes, metteurs en scène, réalisateurs…) ; mélomanes….

Utilisation du portail

Le portail offrira une recherche centralisée à l’usager, qui pourra naviguer dans les fonds, effectuer des recherches générales (titre, compositeur…) ou spécifiques au domaine (genre, instrument…).
L’outil permettra l’identification, la localisation et l’accès – à distance ou localement – à des documents et ressources issus de bases hétérogènes (partitions et livres, enregistrements sonores, vidéos de concert et films documentaires, dossiers ou notes biographiques, notes de programme sur les œuvres, informations événementielles…)

Pour les ressources en ligne, le portail permettra d’accéder au contenu correspondant en fonction des droits d’accès propres aux documents : soit sur internet, soit dans un extranet (réseau de partenaires), soit seulement dans les murs de l’organisme dépositaire.

Ce pôle unifié et de taille plus conséquente sera aussi plus visible dans les moteurs de recherche. Il permettra d’attirer, par le « hasard » des consultations en ligne, des visiteurs qui n’auraient pas forcément pensé à cette ressource voire à ce domaine.

La présentation générale du portail a été suivie d’une description détaillée des ressources concernées par le projet puis d’une simulation d’interrogation, qui a permis de mieux appréhender l’intérêt d’un tel outil.
On a ensuite expliqué comment le protocole OAI allait pouvoir être mis en place, en décrivant le modèle de métadonnées choisi, MODS(2) en l’occurrence, et son adaptation au portail de la musique contemporaine.
La présentation s’est terminée sur un exemple concret d’intégration au portail : comment la Médiathèque de la Cité de la musique a procédé pour identifier et sélectionner dans ses bases les ressources relatives à la musique contemporaine.

En conclusion, il faut souligner les perspectives offertes par un tel projet. En effet, pour sa première phase (soit l’année 2007), le portail comprend les six organismes cités au début mais il a vocation à accueillir d’autres partenaires. Tous les organismes qui possèdent un fonds identifiable de ressources concernant la musique contemporaine pourront donc intégrer ultérieurement le portail. Il faudra simplement que leur fonds puisse être moissonné par le système.


  1. Par musique contemporaine, on entend la musique composée après 1945, en excluant les musiques traditionnelles, le jazz, les variétés et les musiques actuelles.
  2. Metadata Object Description Schema (développé par la Bibliothèque du Congrès)

Isabelle Gauchet Doris,
Centre de documentation de la musique contemporaine
Résumé de la présentation effectuée le 2 avril 2007 à Périgueux, dans le cadre des journées professionnelles de l’AIBM-Groupe français, par Isabelle Gauchet Doris (CDMC), Bérengère de l’Epine (Médiathèque Hector Berlioz du Conservatoire de Paris) et Patrice Verrier (Cité de la musique)

Imprimer Retour haut de page